La pièce chorégraphique Infuse – Suites japonaises est une tentative d’apprivoisement du chaos par un geste dansé et musical. Une transformation poétique et collective autour d’une table-paysage en cire avec thé, eau, végétal, terre et porcelaine. Infuse est une chorégraphie inspirée par « l’esprit du thé » et les gestes de sa préparation collectés dans différentes cultures et tout particulièrement au Japon.
L’eau et son débordement évoquent, par un glissement d’échelle de la table au « jardin planétaire », des questions vives de notre temps marqué par les transformations rapides et profondes des milieux.
Préparer un bol de thé comme une danse / Partager une danse comme un bol de thé.
Infuse se fait l’écho de la formule que les japonais associent à l’art du thé : « Ichi-go ichi-e » : « Une fois, une rencontre ». Sur une table-paysage en cire noire, une danseuse prépare le thé et l’offre à chaque membre d’une petite assemblée. Ses gestes se répètent, se suspendent, s’amplifient, rythment et sculptent l’espace, invitent à activer tous les sens et à revenir au corps comme on dit revenir à la terre.
Dans l’espace pacifié de la chambre de thé, chacun·e est invité·e à habiter poétiquement un intervalle, une suspension où l’on prend le temps, le temps de l’infusion. Du souffle du musicien se crée une musique qui façonne des climats propices à une dérive hypnotique. La danse se déploie à partir de ces simples gestes : donner et recevoir un bol de thé ; des bols moulés sur le coude, symbole chez les Aborigènes d’Australie du lien entre des éléments à associer. Un à un, les bols s’empilent. S’érige la colonne vertébrale d’un fragile corps commun qui s’allonge sur la terre où il se fond peu à peu.
Distribution Catherine Contour (gestes et paroles)
Table-paysage conçue et réalisée par le designer Goliath Dyèvre et Catherine Contour
Bols-coudes réalisés par Catherine Contour en collaboration avec les céramistes Catherine Métas et Lionel Rister
Vêtements conçus et réalisés par Misa Ishibashi
Administration Elise Viard et Faust Robert
CATHERINE CONTOUR
Diplômée de l’ENSAD/Paris, Catherine Contour se forme à la danse contemporaine dans le foisonnement des années 80 à Paris et à New-York. Animée du désir de poursuivre le travail d’ouverture de l’espace et de la pensée de la danse, son parcours d’artiste-exploratrice se conçoit comme une recherche en mouvement.
Elle explore le corps, le geste dansé dans ses dimensions poétiques et politiques, des dispositifs de mise en relation en tissant des liens subtils avec lieux et milieux et leurs habitant·e·s pour des pièces situées (in-situ) : Plongées, Plages, Infuse, Bains publics, Danser brut. Elle collabore avec des artistes d’horizons variés depuis la série Chambres (1996-2001) et pratique différents médiums (photo, film super-8, vidéo, radio, son, céramique, installation).
En 2008 elle fonde Maison Contour pour développer un mode de création basé sur l’habitation temporaire de lieux-partenaires variés tels que la Fondation Royaumont, Lamelouze dans les Cévennes, Pont-de–Claix en banlieue grenobloise, la plate-forme téléphonique d’un grand groupe près de Rennes, de nombreux jardins historiques, la Cité de la céramique à Sèvres, le Musée de la Chasse & de la Nature et la Gaîté Lyrique à Paris, le Grand Théâtre historique de Grenoble, une orangerie à Cognac, le Palazzo Trevisan et ses alentours à Venise, le Centre Pompidou (Paris et Metz), une oeuvre d’Ann Veronica Janssens au Panthéon et sur le balcon sud du massif de la Chartreuse…
Elle explore depuis une vingtaine d’années les possibilités artistiques et pédagogiques de la technique hypnotique avec l’aide de la DGCA, de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, du Centre national de la danse et de la Gaîté Lyrique et met en place un laboratoire de recherche intitulé Bains.
Depuis une première invitation au Japon en 2000 pour y créer Chambres, elle entretient avec ce pays un dialogue fécond qui s’exprime dans les Suites japonaises dont Une plage en Chartreuse (2019), Hortense au Sanctuaire de Dazaifu (2022), Infuse au Musée Guimet à Paris, à l’abbaye de Noirlac et au musée de l’abbaye de Fontevraud (2023), au musée d’art nouveau d’Annecy.
Elle est lauréate des bourses de la Fondation Beaumarchais, du Centre national de la danse, de la DMDTS puis de la DGCA-danse, de l’Institut français (Hors les murs au Japon), de l’Adamibriqueterie pour la vidéo-danse Les transparentes avec Mathieu Bouvier.
Site → maisoncontour.org
GOLIATH DYÈVRE
Goliath Dyèvre est diplômé de l’École nationale supérieure de création industrielle à Paris en 2009, année où il crée son studio de design avec Quentin Vaulot. Lauréat de différents prix et concours, son travail a été exposé au Vitra Design Museum, à la Power Station of Art à Shanghai, au Musée des arts décoratifs à Paris. Il collabore régulièrement avec Hermès, EDF, le Musée de la Chasse et de la Nature et mène des projets de recherche, en particulier avec le CRAFT à Limoges. Il commence un parcours en solo après quatre mois de résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto en 2014. Il bénéficie d’une résidence du programme Te-Ataata en Nouvelle-Zélande au Colab d’Auckland en 2016 pour une recherche autour de la réalité augmentée avec l’artiste Grégory Chatonsky. Ils obtiennent le Prix MAIF pour la sculpture 2020.
Site → goliathdyevre.com
Gratuit.
Dimanche 17 novembre 2024
Ouverture le dimanche à 15h30.